Enfermé dans mon échauguette
Eric
ENDERLIN – Chemin de Moncassin-Mazerettes 6 lotissement Declerk
32300 MIRANDE
De
colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à
l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je
parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis
: « Nulle part le bonheur ne m’attend. »
Alphonse
de LAMARTINE (1790-1869)
La tête dans les escales............................................................. 7
L’échauguette......................................................................... 10
Entre souvenirs et
désespérance.............................................. 11
Cicatrices, vices et
sévices...................................................... 12
Les rimes de l’Amour............................................................. 13
Pâte de fruits.......................................................................... 15
Allusion à des illusions............................................................ 16
Dans l’ombre de Thomas
Chatterton....................................... 17
Un maréchal, un général.......................................................... 18
Poison de vie.......................................................................... 19
Soliloque sur la solitude.......................................................... 20
Épître d’un poète martyr
à ses semblables............................... 21
Épitaphe................................................................................. 22
La tête dans les escales
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je m’en irais
Vers des contrées
Où tous les prés
Sont verts l’été
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je laisserais
Mes jours damnés
Pour des années
Auprès des fées
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je pleurerais
Sur une allée
De ma cité
Qui m’a tué
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je quitterais
C’est pour de vrai
Ce lieu fermé
Pour d’autres clés
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je m’enfuirais
D’un monde laid
Qui fut nommé
La Société
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je partirais
De mon plein gré
Au mois de mai
Loin de ces plaies
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je chercherais
Des fruits bien faits
Bons à manger
A satiété
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je songerais
A moindre frais
A ces îlets
Inhabités
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je livrerais
Mes doux secrets
Aux fleurs posées
Sur des palmiers
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je chanterais
Et j’écrirais
Pour des beautés
Ensoleillées
J’ai décidé
Que s’il pleuvait
Je rêverais...
Mais l’eau jamais
D’un ciel distrait
N’est arrivée !
L’échauguette
Du haut de mon échauguette
Je suis triste dans ma tête
Face à toutes ces défaites
Plus nombreuses que les fêtes
Autrefois, j’étais l’esthète,
Les flèches et l’arbalète,
La musique et la trompette
Qui aimaient conter fleurette
Ce jour, je pleure en cachette
Des larmes loin des paillettes
D’un horizon que l’on fouette
Tels vents devant girouettes
Les ombres sans silhouette
Sombrent dans les oubliettes
Et je pars à la sauvette
Avant que le temps s’arrête.
Entre
souvenirs et désespérance
C’était lors d’une époque
Où la Terre était ronde,
Où la Terre était Monde,
Un temps sans équivoque
Hier, des tas de breloques,
J’en parle avec faconde,
Colorées et fécondes,
N’avaient rien de baroque
Les gens sont-ils cinoques
Pour vivre dans ce monde
Qu’ils tuent et qu’ils inondent
Du feu qui devient cloques
C’est habillée de loques
Que je vois cette blonde
Dans l’avenir immonde
Finir ses jours en coque !
…/…
©
Eric Enderlin & Éditions du Paradis
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