Les Naufrageurs
roman
Évanno François
Commande : EVANNO François - 7, place de Paris à 54500 VANDOEUVRE-LES-NANCY
Résumé
Antoncariés est le Président d’une multinationale en difficulté.
Son groupe est en perte de vitesse et sa seule planche de salut est la remontée obligée. Seulement, les possibilités qui s’offrent à lui pour sortir le groupe du gouffre ne lui semblent pas réalisables.
Il va donc imaginer un montage complexe qui lui permettra, à l’aide d’artifices et de combines, de regagner sa place. Pour cela, il n’hésitera pas à créer des conflits, des drames, à désigner des boucs émissaires pour parvenir à ses fins.
Roman palpitant qui laisse apparaître en filigrane certaines affaires de notre temps, qui ruinent le tissu social déjà fragile. François Évanno décrit sans concession un univers froid où règne un maître absolu : l’argent... surtout celui des autres.
François Évanno, né le 22/4/1952 à Metz. Employé à la Caisse d’Épargne depuis 30 ans.
Autre roman : " La rue du Charmois " 1987. Editions Ouvrières.
Les Naufrageurs
Le constat
L’assemblée générale des actionnaires de la S.I.G.A.L. ( Société d’Investissement, de Gestion et d’Aménagement Logistique) se terminait dans un climat houleux.
Après 22 ans d’activités et d’extension, le groupe perdait un milliard d’euros, tous secteurs confondus. C’était si lourd et tellement énorme que personne ne parvenait à se faire une idée précise du désastre. L’ardoise pourtant était belle et bien là : incontournable, conséquence d’une gestion approximative, molle et sans ambition. C’était ce manque d’ambition qui venait d'être mis en lumière ce jour-là, et pourtant qui, parmi les 950 actionnaires présents pouvait se vanter d’en avoir ? Qui comprenait vraiment les milliers de chiffres qui étaient sensés représenter l’activité de la maison mère et de ses 328 filiales, sortis de la bible comptable que l’on avait résumée ?
Le président du Directoire Jean-Maurice Antoncariès venait néanmoins, au prix de mille efforts verbaux dignes d’un marchand de tapis, de sauver sa tête.
On l’avait reconduit dans ses fonctions pour deux ans, avec à la clef une mise à l’épreuve puisqu’il devait, durant ce laps de temps, redresser la situation.
Bien que ce délai fût trop court, Antoncariès affichait un sourire discret qui semblait vouloir dire "tout va s’arranger", et une mine très réservée qui, elle, paraissait suggérer : "la situation reste grave et préoccupante."
– Je serai à votre écoute. Non seulement je m’engage à rétablir l’équilibre, mais, qui plus est, je propose un objectif de 5 millions de profit d'ici deux ans.
"Cause toujours !" semblaient soupirer quelques actionnaires, qui pensaient bien qu’on ne pouvait pas sortir un monstre pareil plongé dans un tel marécage comme ça, d’un simple coup de baguette magique.
Malgré cela, le président s’était enhardi. Il avait affiché des chiffres précis pour consolider sa théorie en déployant des ficelles de polytechnicien qu’il était.
Et comme chacun espérait ne pas se retrouver ruiné, on avait avalé la couleuvre. Au bout du compte, c’était 1,5 milliard qu’il faudrait trouver.
*
* *
Dans son bureau du dernier étage de la tour Marivaux, le président, écrasé dans un large fauteuil, passait et repassait le pouce de sa main droite sous son menton. Il méditait. Sa devise était qu'il y a toujours quelque chose à faire. L’idée de remettre la S.I.G.A.L. sur ses rails n'était pas nouvelle pour lui, il y pensait depuis déjà longtemps. Comment faire entrer autant d’argent dans cette boutique essoufflée et gérée à l’emporte pièce ? Autant faire passer un chameau dans le chas d’une aiguille… Le mieux était de le faire contourner l’aiguille, grâce à la débrouille, au marché parallèle. Il ne restait que ces ersatz. Le sauvetage ne pouvait venir d’une exploitation saine, puisque tout l’appareil était malade. Aucune société du groupe n’avait dans ses tiroirs un brevet révolutionnaire, un savoir-faire prêt à réactiver les marchés, une clientèle potentielle à conquérir. Non. Jean-Maurice en était certain. Pour sauver les meubles, il fallait tenter le tout pour le tout, mettre en place une machination sangsue qui, sans produire la moindre richesse, ponctionnerait l’argent des autres, rétablirait artificiellement les comptes, et pourquoi pas, dégagerait des profits.
Il faisait chaud. Juin brûlait la ville depuis une semaine déjà et la nuit restait lourde et étouffante. C’était comme au Caire lorsque, encore enfant, la mère de Jean-Maurice l’emmenait en vacances. Là-bas, les pauvres sont si pauvres qu’il est impossible de leur faire payer la moindre facture, mais ici la petite bourgeoisie, cette classe moyenne qui est à l’aise, que l’on dorlote parfois et que l’on prend en exemple, et qui se croit parvenue, cette classe sociale-là, on pouvait la saigner et la piller sans vergogne. Jean-Maurice savait exactement où elle se trouvait. Vingt ans plus tôt, avec l’héritage de son père, il avait acheté à un prix modéré une immense prairie, en bordure de la forêt communale. Puis il avait fait construire 2200 pavillons clefs en main. C’était l'accession à la propriété. Un emprunt de 20 ans permettait au petit employé, à l’ouvrier, à l’enseignant de devenir un honorable propriétaire.
Les victimes potentielles étaient là-bas, à six kilomètres à vol d’oiseau.
Le président se leva pour se planter devant la baie vitrée en direction de l’ouest. Minuit sonna. Au-delà de la ville endormie, après la ligne orangée de l’autoroute, on apercevait de minuscules points argentés qui tremblaient dans l’obscurité. C’était Clairval, la cité du bonheur où résidait le salut de la S.I.G.A.L. C’était comme un gros gâteau aux 2200 bougies qu’il faudrait souffler une à une. Clairval était un élément du puzzle que Jean-Maurice allait composer. Ses yeux ne parvenaient plus à se détacher de l’horizon. Son visage était quelque peu marqué par des nuits d’insomnie, des journées sans fin. Mais, malgré la fatigue, le Président réfléchissait, ce qui combattait la lassitude qui pouvait le surprendre sans crier gare.
Il se sentait moite, gluant, d’une propreté douteuse et pourtant, il avait l’impression d'être en pleine possession de ses moyens, alerte, à peine usé. Il avait été dans les années 75 un sportif de renommée nationale et, de cette passion, il avait gardé une certaine vivacité d'esprit et une forme physique acceptable. Le sport lui avait permis de supporter des milliers de déjeuners d'affaires, des centaines de vins d’honneur et d'innombrables assemblées épuisantes.
Cette nuit, ce n’était que la chaleur qui lui coupait les jambes et seulement cet air étouffant. Le mental était intact, prêt à bondir au moindre signe d'espoir.
Rejoignant son fauteuil, il composa un numéro sur le portable réservé à ses plus proches collaborateurs.
– Allô !
– C’est vous Monsieur ? fit une voix enrouée.
– Vous dormiez, Sonia ?
– Pas encore, je viens juste de me déshabiller.
– Alors, rhabillez-vous. Je veux Devilneuve, Masseroth et Granvellin ici dans une heure, et vous aussi.
– Bien.
*
* *
Alors que la moitié des clignotants économiques des 328 filiales de la S.I.G.A.L. viraient au rouge, le président révisait la leçon de chantage qu’il réciterait à ses collaborateurs.
Du petit coffre personnel qui était dissimulé derrière une œuvre de Kandinsky, il sortit quatre enveloppes 21x27 sur lesquelles étaient inscrits en gros caractères noirs le nom des personnes attendues.
D’un geste lent, il ouvrit la première enveloppe. Elle contenait différents documents dactylographiés dont l’un détaillait l’identité de la personne concernée.
Sonia DUPARC née le 23/04/1962 à Rotterdam. Diplômée d'H.E.C., trilingue.
Entrée le 07/07/1992.
Mariée à un professeur de mathématiques. 1 enfant. 360.000 F. annuels + primes + avantages en nature + stock options.
Puis les doigts du président écartèrent, une liasse de feuillets sans importance pour extraire quelques photos. Sur l’une d’elle on apercevait Sonia jeune et nue, en train de danser avec un grand gaillard blond. Au dos du cliché, il y avait une légende :
Bizutage H.E.C. octobre 1980. Une autre photo, beaucoup plus récente montrait Sonia aux bras d’un jeune homme d'au moins 10 ans son cadet. Il y avait une date de marquée, le 01/06/1987. Une autre encore avec une bonne tête de bébé, la fille de Sonia, datée du 02/02/1988.
Ces photos étaient le fruit de recherches effectuées pour le compte d’Antoncariès, par une agence hongroise de filatures en tous genres. Dès leur embauche, certains cadres supérieurs de la maison étaient ainsi pistés. On allait jusqu’à fouiller dans leur passé, afin de constituer un dossier parallèle à celui qui se trouvait à la direction des ressources humaines.
La seconde enveloppe contenait des renseignements sur Alexandre Devilneuve. Il n’y avait pas de photo, mais un rapport relié et une cassette sur laquelle était inscrit : conversation avec M. J, le 06/06/1994.
L’enveloppe suivante était celle d’Olivier Masseroth. Les photos encadraient Olivier donnant la main à de jeunes enfants. Sur l'une d’elles on apercevait l’homme et un enfant dans un parc d'attractions, sans doute en Allemagne, car la mention "EINGANG" se détachait sur un mur. Plusieurs articles de journaux, rédigés en français et aussi en allemand, relataient la disparition d’un petit Otto.
Pour un policier, ces images auraient été édifiantes et accablantes mais, pour Jean-Maurice, elles étaient banales.
La dernière enveloppe était consacrée à Maxime Granvellin. Parmi le tas de documents qui composaient le dossier, des coupures de presse relataient un accident de la route ayant coûté la vie à deux scouts. Elles précisaient que le chauffard avait pris la fuite. Cette triste affaire s’était passée durant la semaine où Granvellin animait un séminaire, à deux kilomètres du lieu du drame.
C'était le genre de press-book qu’affectionnait le président.
L'ascenseur résonna dans sa cage.
" Ils ne sont pas en retard !" soupira Jean-Maurice en précipitant les enveloppes dans le tiroir de son bureau. On frappa à la porte.
– Oui.
Sonia et ses trois collègues, aux têtes barbouillées de fatigue, apparurent dans l’embrasure de la porte. Sonia, malgré le manque de sommeil qu’on lui infligeait, présentait un visage angélique. Elle était plutôt belle et gracieuse dans ses attitudes. Quant aux trois hommes en costume sombre, il était difficile de faire la différence entre la lassitude et l’apparence figée des cadres supérieurs dont les grandes écoles et les médias ont forgé une image standardisée et lisse, dépourvue de tous sentiments.
– Installez-vous ! fit le président en désignant des fauteuils. Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous fais venir à une heure aussi tardive… ou plutôt, si matinale ?
– …
– Notre entreprise n’est ni en faillite ni en cessation de paiement. Comme vous avez pu le constater cet après-midi, malgré nos pertes, nous repartons pour deux ans. Je ne me sépare pas de vous, au contraire j'ai plus que jamais besoin de vos compétences pour rétablir l’équilibre. Notre remontée va s’articuler sur plusieurs secteurs et en deux temps. La complexité de notre projet va résider dans le fait qu’il y aura un plan officiel – celui que je diffuserai dans les groupes dès demain – et puis un plan officieux, parallèle, dont nous seuls seront au courant. Nous n’allons pas sauver l’entreprise au sens propre du terme. Un tel handicap demanderait cinq ans d’efforts et des mesures si élaborées que nous n'en avons malheureusement pas le temps. Notre boulot va consister à sauver notre peau, nos stock-options. Nous sommes sur le pied de guerre. Finis pour nous les grasses matinées, les loisirs, les hésitations et le reste. Nous devons foncer et être opérationnels 24 heures sur 24.
Il y eut un silence que seul le ronron de la climatisation troublait.
– Pour l’instant, allez vous relaxer dans la salle de réunion. Je vous appellerai un après l'autre.
Les cadres se levèrent puis se dirigèrent vers la sortie, lorsque Jean-Maurice lança :
– Sauf vous, Sonia. Restez !
Dans l’immense salle, les trois hommes ne bronchèrent pas. Il sentaient devant eux un tel abîme que l’idée de réussir les tracassait. Le speech du patron avait ébranlé des hommes à qui, d'ordinaire, on donne des éléments concrets que leurs cerveaux transforment en directives. Certes, un cadre à 120.000 euros par an n’a pas à exprimer ses émotions, ses craintes. Il obéit comme on le lui a appris, selon les principes nés d’un moule reconnu.
Dans la maison, les cadres se tutoyaient lorsqu’ils étaient en tête-à-tête; par contre, en présence des autres, le vouvoiement devait être de rigueur.
– Tu as donc une idée bien spéciale à faire passer… demanda Sonia, attentive et curieuse.
– Très spéciale. Quant aux idées, il y en a plusieurs, à dire vrai.
– Oh !
– Un vrai plan d’attaque. Et dans ce plan, tu seras le lien entre eux et moi. Dès que nos amis seront partie prenante, nos relations seront prioritaires. Tu seras à leur écoute du matin au soir. Une estafette de qualité, indispensable. Ce sera un boulot monstrueux, dans tous les sens du terme.
D’un geste mécanique, Sonia remit de l’ordre dans ses cheveux tout en disant :
– Beaucoup de travail, tu dis ?
– Tout notre temps.
– Ç’est que j’ai une vie de famille…
Le président grimaça.
– Je sais. Mais je n’ai pas le choix.
– Maly, tu sais de l’organisation informatique de Rouen… Elle est célibataire, ambitieuse, capable et, en plus, pas farouche.
Le président dodelina de la tête.
– Non. Je te vois venir.
– Ah, bon.
– Notre affaire est pour toi et pour toi seule. Tiens, regarde !
Il ouvrit le tiroir, saisit l’enveloppe au nom de Sonia et l’ouvrit.
– Tu peux lire. Même la garder, si tu veux.
Les photos étalées pêle-mêle ne laissaient aucun doute dans l’esprit de la secrétaire. Pendant que son visage s’empourprait, elle parcourait du regard les morceaux de carton.
– Tu vois, c’est la preuve que tu es ma secrétaire obligée. D’ailleurs, tu es la meilleure.
Elle sourit tout en repoussant du bout des doigts le fatras de bouts de papier.
– A demain, soupira-t-elle en s’apprêtant à sortir…
– Bonne nuit, ma grande. Fais entrer Alexandre, dit-il en escamotant l'enveloppe.
Devilneuve était un homme d’apparence calme et mesurée, les cheveux courts et le teint mat. Son attaché-case noir qui semblait faire partie de sa personnalité, lui donnaient un air responsable et hautain. Il était prêt à recevoir n'importe quel ordre et capable de tout mettre en œuvre pour le transformer en plus values. On le savait en mesure d’ingurgiter n’importe quel dossier. De là à prétendre qu’il pouvait simplifier un dossier complexe et compliquer un dossier simple, il n’y avait qu'un pas.
Un peu gauche, il prit place en face de son supérieur.
– Tu sais pourquoi tu es là ?
– Pour la mise en place de ce sacré plan de restructuration, je suppose.
– Si on veut. Tu vas devoir t’attaquer à un gros morceau. A deux, plus exactement. Comme je le disais, il y a le plan officiel et l’autre. Celui-là devra nous sauver.
– On va jouer sur deux tableaux, alors…
– Et surtout ne pas s’emmêler les pinceaux. J’ai pensé à toi car l’entreprise dans laquelle nous nous lançons est, à vrai dire, totalement déraisonnable. Mais pas impossible.
Devilneuve restait de marbre. Son patron venait de sortir l’enveloppe nominative.
– Tu peux lire ce qu’il y a dedans et même la garder…
– Qu’est-ce que c’est ? Une surprise ?
– Jette un œil.
Alexandre fouilla les documents, puis exhiba la cassette en disant :
– Tiens donc !
– Tu étais le directeur général de la banque Vérin jusqu’en 1994.
– Tout à fait…
– Cette cassette a été enregistrée le quatre juin 1994 à 23 heures 12 exactement..
– Alors…
– C’est une conversation entre toi et un certain Monsieur J. Tu te souviens de ce qui s'est passé le sept juin à 10 heures 48 précisément ?
– La Vérin de Montreuil a été attaquée.
– Hum…
– Je sais.
– Un guichetier tué, un convoyeur infirme et douze millions de francs évaporés.
– Triste bilan.
– Notre assureur, qui nous appartient comme tu le sais, a remboursé. Il s’est contenté de la version officielle : Hold-up sanglant. Mais les douze millions ont été perdus; que ce soit par la banque ou l'assurance, pour nous c’est du pareil au même.
Maxime resta muet. Comment cette bande magnétique pouvait-elle être ici ?
– Alors voilà. Comme nous n'avons ni le temps ni l’intelligence nécessaire pour remonter la boutique qui craque de partout, nous allons louvoyer, contourner l’obstacle pour le percuter. Il faut provoquer un effet boomerang. Tu as gardé quelques relations avec la bande à Monsieur J ?
– Je peux le contacter.
– Ça, c’est ton affaire. Ce qu’il faut c’est une attaque musclée sur la Viking dans la région que tu choisiras. Un fourgon blindé sera tiré au bazooka. Après, je te communiquerai la démarche à suivre. J’aimerai que cette histoire soit liquidée d’ici quinze ou vingt jours maximum. C’est faisable ?
– Je pense.
– Parfait, alors à toi de jouer.
Alexandre quitta le bureau comme un automate. Il y avait encore bien pire que tout ce qu’il n’avait jamais osé imaginer. A ce moment-là, il constata qu’il était devenu le cadre le plus servile du monde.
Dès qu’Olivier Masseroth fit son entrée dans le grand bureau, Jean-Maurice remarqua tout de suite qu’il avait devant lui un responsable à bout de nerfs : exténué et fatigué. Son visage était blanc comme un linge malgré la chaleur étouffante. Il faut dire que depuis deux ans c’était lui qui traitait les dossiers les plus difficiles. "J’ose ou pas", sembla se demander le président, tant le malaise était oppressant.
– Un whisky, Olivier ?
– Non, merci.
– Tu connais parfaitement la situation. Tu sais où l’on va. Nos chances sont là malgré tout, mais tellement minces… Pour éviter le mur, combien crois-tu qu’il nous reste de solutions ?
– Peu.
– Exactement.
Olivier ne fonctionnait pas comme une machine bien huilée. Quelque chose de très négatif entravait sa spontanéité.
– Voilà.
Comme il devait tenter le tout pour le tout, le patron inquiet présenta l’enveloppe d’un air détaché. Lorsqu’il l’aperçut, Olivier ne réagit pas.
– Tu peux l’ouvrir et même la conserver, si tu veux.
Les mains de Masseroth tremblaient. C’était presque imperceptible mais son chef remarquait ce trouble physique qui était peut-être la. cause de ce comportement. La photo du petit garçon lui sauta aux yeux et calmement, il lança :
– Ça s’appelle du chantage.
– Pourquoi les grands mots ? De la mise en condition, tout simplement. Restons simples, on est entre nous.
– Tout ça, pourquoi ? Tu sais que je n’ai rien à voir avec cette histoire.
Le Président fit la moue.
– J’avais pensé te confier la mission "Boyon".
– Nos laboratoires ?
– Oui. Ça va très mal. Il faudrait y créer un climat propice au changement. De telle sorte que la peur devienne l’ange gardien de tous nos employés, cadres, responsables confondus. Boyon doit devenir notre vitrine sociale. Tu sais à combien s’élèvent les pertes du groupe.
– Oui.
– Et combien l’action a perdu en à peine un an ?
– 88%.
– Incroyable. C’est une grosse épine dans le pied, tu ne crois pas ?
– C’est évident.
– Et de plus, tu sais d'où vient cette chute ?
– J’ai travaillé sur le dossier.
– Alors tu as constaté que l’organisation est déplorable. Le système est dépassé, usé jusqu’à la corde. Je ne dis pas que le père Boyon n’a pas été, en son temps, un génie mais, à présent, il est out. On dirait que nos brevets sont systématiquement pillés. A chaque fois que l’on est prêt pour exploiter une de nos découvertes, on trouve comme par magie, l’équivalent sur le marché mondial, via l’Amérique, le Costarica ou l’Autriche. On nous coupe l’herbe sous le pied.
Il se tût un instant comme pour prendre la température de son interlocuteur, puis reprit :
– Il y a des fuites chez Boyon. A ce rythme-là, on pourrait trouver le vaccin du bonheur qu’on n'en verrait même pas la couleur. On torpille nos brevets en sous-main.
– Pourtant tout est protégé. Le service contrôle épluche tout.
– C’est ce que je croyais, jusqu’au jour où j’ai découvert que le vieux Boyon détient des parts dans un laboratoire californien. Certes, ce n’est pas interdit, mais…
– Tu veux dire…
– Question de facilité : l’Amérique inonde le monde et concrétise, trois fois plus vite une découverte. Alors qu’ici… Il va falloir le débarquer.
– Mais il a 72 ans.
– Et alors. L’âge ne fait rien à l’affaire. Il peut continuer et s’accrocher encore pendant des années. Les membres de son conseil sont encore plus vieux que lui. Non. Crois-moi, il faut casser coûte que coûte le ronron Boyon. On devra liquider 20% de l’effectif. Mais là, attention. Tout sera mis en œuvre en douceur. Je veux dire qu’il y aura une étude approfondie de chaque secteur, de chaque emploi. Ça veut dire : retraites anticipées, formation… etc.… etc.… à voir avec le Comité d’entreprise. Je veux que l’on rogne sur tout. Plus de photos couleur dans le magazine distribué au personnel. Plus de papier glacé. Je verrai bien une baisse du ticket restaurant d’au moins un euro. Ça peut paraître mesquin, mais il n’y a pas de petites économies. Je veux créer un climat d’économie où chacun se sente concerné, qu'il comprenne qu’il coûte cher et que la récession est là. Il faudra engager une réunion avec le comité d’entreprise au plus vite. Les mentalités doivent changer dans cette boutique.
Olivier grimaça. Son visage avait viré au rouge. Ses yeux fixaient le président avec une dureté non dissimulée.
– Ne compte pas sur moi. J’ai suffisamment travaillé sur ce dossier pour savoir qu'on peut sortir la maison de cette mauvaise passe, sans pour autant sacrifier deux mille personnes.
– Ce n’est pas mon idée…
– T’es bien à l’image de notre époque. Tu seras sûrement élu le P.D.G de l'année après ça.
– Tu sais très bien que l’on ne peut compter sur personne aujourd’hui. L’état nous a déjà subventionné il y a deux ans.
Il y eut un silence.
– Faire payer les autres, reprit Olivier en sueur, c’est bien une mentalité de lâche et tu es un maître dans le genre. Dans ce pays, on ne sait qu’exploiter et exclure. On prend, on jette. Les choses sont tellement compliquées qu’il faut des gens très performants, dévoués, capables. Foutaises ! Il suffit de comprendre les idées qui traversent le cerveau de gens comme toi, pour saisir l’ampleur du désastre.
– Allons, allons…
– Tu arranges les choses pour pouvoir, en tout impunité, éliminer le maximum de gens. Il y a déjà deux millions d’exclus. C’est quoi ton objectif : 10, 20 millions ?
Jean-Maurice bougea enfin. Il se leva pour se diriger vers le bar :
– Tu devrais te relaxer. Bois quelque chose.
– Non. J’en ai marre de toutes ces combines. Je ne veux pas que mes enfants pataugent dans un tel marécage. Tu peux toujours me dire que tu n’y es pas pour grand chose dans le grand bazar du monde mais tu y contribues, en bon élève.
– Calme-toi ! Moi aussi j’aimerais être comme Pasteur. J’aurais aimé inventer un truc qui puisse sauver des vies, être adulé et reconnu par tous comme le sauveur du genre humain. Mais ce n'est pas le cas…
– Comme c’est facile !
– Pourtant, non.
– Entre Pasteur et Hitler, il y a une marge. Et tu le sais bien.
– N’exagérons pas. Je peux te parler ?
– Pour anoblir tes théories vénales ?
– Pas du tout.
Le président s’était rassis en prenant. un air bienveillant et modeste, car il se demandait si son collaborateur n’allait pas lui sauter à la figure comme un ressort trop tendu.
– Ecoute deux minutes.
– …
– Quand j’allais à l’école primaire de mon quartier, c’était dans les années cinquante-sept, cinquante-huit… Tu m’écoutes ?
– Oui.
– Dans cette école, il y avait des maîtres et des maîtresses, et surtout un directeur très sévère qui ne nous passaient rien.
– Tu devais déjà exceller, toi.
– J’étais un bon élève. Mais ce n’est pas ça. Il y avait dans le fond de la classe un gosse d’origine polonaise qui ne faisait rien et perturbait parfois les cours, au point qu’il était devenu le souffre douleur des enseignants comme des élèves.
– Sa famille n’avait pas de relations ?
– Non. Elle était pauvre. Bref, les coups pleuvaient. On ne cherchait du reste même plus à l’instruire, mais plutôt à le neutraliser en le punissant, en le frappant pour un oui et un non. Et puis un jour, ce mauvais élève que tous méprisaient, eut une idée de génie. Durant la nuit – je ne sais pas comment il s’y prit – il souda la grille de la cour de l’école. Tu aurais dû voir la pagaille le matin. Les maîtres essayaient d’escalader les portes pendant que les maîtresses s’acharnaient sur la ferraille avec leurs limes à ongles. Les enfants qui criaient : "On n'a pas d’école ! On n’aura plus d’école !" Et le directeur qui n’osait même pas prendre de décision : appeler un serrurier par exemple. Fallait voir cette pagaille ! Certains disaient que c’était peut-être le gel qui avait bloqué les portes durant la nuit, alors qu’on était au mois de mai. Bref, personne n’imaginait que quelqu’un avait pu souder la porte. Et le petit Polonais est arrivé tout tranquillement, comme si de rien n’était. Il est allé vers le directeur en disant : "– Je n’ai pas forcé sur les soudures de gauche. Avec un bon couteau on peut les faire sauter." "– C’est donc toi"… souffla le chef dépassé. En trente secondes, le gamin fit voler en éclats les petites boules de métal. La classe reprit et l’incident ne fut même pas mentionné. Le gosse ne fut pas puni. On nous donna l’ordre de nous taire. Personne n'avait osé penser qu’un si pauvre gosse pouvait être aussi rusé et malin. Le petit Polonais avait gagné. Il était capable de paralyser toute une école. Tu te rends compte ? A partir de ce jour, il allait et venait comme bon lui semblait et ne rendait de comptes à personne. C’était lui le patron. Les premiers de classe (dont j’étais) n’étaient plus perchés sur un piédestal comme avant. Non. C’était lui qui donnait son avis sur tout. On le respectait. On le craignait. On payait sa séance de cinéma du samedi après-midi. Tout le monde se cotisait pour lui acheter des cahiers. C’était amoral. Ce qu’il avait fait était condamnable, mais c’était lui le vainqueur.
– Tout ça pour me dire que le vandalisme vaut mieux que le travail ou l’honnêteté.
– Non. Je veux te dire que le petit Polonais avait trouvé la faille du système. Il avait compris comment s’en sortir avec le peu de moyens qu’il avait.
Olivier, qui avait subi cette histoire, restait inerte. Il regardait le président avec mépris.
– Je ne te retiens pas. Tu démissionneras quand tu le jugeras opportun.
Le président se sentait contrarié, mais pas abattu. Sa détermination était intacte.
Il se servit un verre de whisky, puis regarda une fois de plus en direction de Clairval. Il but à petites gorgées tout en se remémorant son plan d’attaque.
Sur la petite télévision qu’il avait fait installer en face de lui, il visionna un passage de son film fétiche "Le troisième homme". Une scène en particulier ne le lassait jamais. C’était celle de la grande roue. *
Il arrêta l’image pour aller ouvrir la porte et accueillir Granvellin. Max était plutôt grand, d’un physique anguleux; le contraire du président qui avait un visage bien rempli, à l’instar des bons vivants. Mais ce n’était là qu’une apparence. Si l’habit faisait le moine…
– Assieds-toi, Max. Tu veux boire quelque chose ?
– Un doigt de scotch, s’il te plaît.
– Tu vois, nous sommes seuls tous les deux dans une grande tour vide, au milieu de la nuit alors que l’on devrait dormir ou batifoler. Et pourquoi ?
– Tu vas me le dire.
– Parce que nous avons une mission à accomplir, tout simplement. A notre niveau, nous sommes aussi des esclaves. Nous n’avons pratiquement aucune marge de manœuvre, et pourtant nous sommes là. Comment faire autrement ?
– Tu es lyrique ce soir, ou bien pessimiste ? demanda Max en riant.
– Ni l’un ni l’autre. Toute la question est là. On pourrait dormir au soleil et manger du caviar, fumer des havane avec une fille sur les genoux. N’est-il pas vrai ?
Maxime haussa les épaules en faisant :
– Chacun son truc.
– Eh bien non, tout cela est faux ! C’est seulement parce que nous avons une mission à exécuter que nous sommes là !
– Une mission ?
– Une grande mission ! Mais revenons à nos moutons… Le temps nous manque.
Le président tira la quatrième enveloppe du tiroir.
Il ajouta, contrarié :
– Tu vois, je n’ai même plus le loisir d’être courtois. Je ne peux ni discuter ni argumenter pour te convaincre… J'ai besoin de toi et il faut que tu sois partant à cent pour cent.
– Qu’est-ce qu’elle contient, cette enveloppe ?
– Regarde !
– Non. Dis-le moi.
– C’est un accident de voiture près de Valence. Un type fauche des gamins qui marchent sur le bord de la route…
Max ne bronchait pas. Il restait calme, comme distant, sans éprouver le désir de fouiller dans l’enveloppe.
– Tu seras l’homme de Clairval, conclut le patron.
– L’homme de quoi ?
– Clairval, tu connais ? Devenez propriétaire pour le prix d’un loyer.
– Je vois.
– Ma première affaire. Tous ces pavillons, je les ai vendus 900 000 francs pièce, avec un emprunt de 20 ans contacté auprès de la Vérin qui aujourd'hui appartient au groupe. Bref, une belle réussite. A ce jour, les intérêts remboursés représentent environ 300 000 francs par baraque. Eh bien, figure-toi qu’il va falloir les racheter.
– Les racheter ? Je ne te suis pas bien…
– Oui. Pour mieux les revendre d’ici quelques mois.
Maxime ouvrit de grands yeux en faisant :
– Et comment, s’il te plait ?
– C’est là que tu entres en scène. Tu vas créer un climat qui poussera les habitants à se débarrasser de leur maison pour que je puisse acheter à bas prix et revendre ensuite plus cher. Simple notion élémentaire de commerce. Cogite la dessus ! Tu as le choix des moyens.
– Ça va être une affaire de grande envergure.
– Absolument ! J’espère racheter chaque pavillon aux alentours de 600 000 francs et les revendre 1.000 000. Quand on aura 1500 bicoques dans la tirelire, on décrochera.
– Tu as une idée de ce que cela peut faire ?
– Attends ! Ma calculette et je situe le pactole…
– Ne te fatigue pas. Ça fait, avec les intérêts déjà engrangés, 1125 milliards de francs, soit 17,2 millions d’euros. Ça vaut bien quelques litres de sueur.
Maxime acquiesça de la tête.
– Alors à bientôt, et bonne nuit.
Trois heures sonnèrent… Jean-Maurice remit de l’ordre dans les documents qui l'entouraient. Il rangea les enveloppes dans leur cachette.
Fatigué, le président ne ressentait pourtant pas l’envie de rentrer chez lui. Sa femme devait dormir. Son fils n’était plus souvent à la maison. Parfois ils se croisaient comme deux touristes dans le couloir d’un hôtel et qui n'ont rien à se dire. Le jeune homme n’avait pas besoin de son père. Il avait conquis son autonomie très vite. Ses études accaparaient une grande partie de sa vie. Les quelques heures qui lui restaient étaient consacrées au sport.
Avant de partir, Jean-Maurice tapota sur le clavier de son ordinateur, relié à toutes les sociétés qui dépendaient du groupe. Il voyait défiler des milliers de chiffres, d’estimations, de projections et de résultats. A chaque ligne correspondait un commentaire rédigé en anglais par des cadres qui faisaient office d'analystes et aussi de taupes. Car l’homme de la S.I.G.A.L. tenait à ce propos un raisonnement très simple. Lorsque l'on dirige 1000 employés, il est facile de prendre la température de l’entreprise en descendant bavarder avec les délégués syndicaux ou le secrétaire du comité d’entreprise, mais lorsque vous managez 180 000 personnes et plus de 25 000 à l’étranger, il vous faut bien recouvrir à des relais; autrement dit, des rapporteurs.
Dans sa voiture il pensait à Masseroth, qui brusquement se révélait scrupuleux sur les principes sociaux. Quel pouvait bien être ce sursaut d’équité simpliste d’un homme au passé trouble, jusque là sans état d’âme, à qui la société versait de généreuses royalties et gavait de conséquents avantages en nature ? La situation économique était bien en dessous de ce que l’on racontait tous azimuts. L’emploi était fragile et constamment tenu à bout de bras. Les acquis sociaux étaient rognés petit à petit. Masseroth avait toujours su la réalité des choses et, jusque-là, il avait exécuté les tâches parfois les plus impopulaires sans rechigner. A croire qu’il ne voulait rien voir. Et maintenant, l'être pensant et sensible qui semblait l’habiter, se heurtait à la dure loi du business. Ce pas de côté était absurde, impromptu. Le loup apprivoisé ne retourne jamais dans la meute. Le voudrait-il seulement que les autres le chasseraient. Personne ne l'avait obligé à sortir de la classe dont il était issu. Et comment lui faire confiance, à présent ? Ce n’était pas le refus de participer qui révoltait le président, mais plutôt cet état d’esprit contre nature.
*
* *
La maison que louait Antoncariès à la sortie de la ville était pourvue d’un sous-sol si vaste que l’on pouvait y ranger quatre ou cinq voitures. Une fois le moteur éteint, il resta quelques minutes immobile à rêvasser… A quoi exactement, il n’aurait su le dire.
Avant de monter dans sa chambre, il prit une douche, passa à la cuisine pour croquer une belle pomme rouge, puis entra discrètement dans la chambre conjugale. Sa femme dormait mais elle dut sentir un léger courant d’air, car elle se retourna en disant d’une voix presque inaudible :
– C’est toi ? Quelle heure est-il ?
Jean-Maurice ne répondit pas car il pensait que sa femme parlait en dormant.
– Je t’ai vu aux actualités… Ça va si mal ?
– Mais non. Dors, les choses vont s’arranger…
Puis le couple sombra dans le sommeil.
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* *
Il était à peine sept heures. Le soleil était déjà chaud. La nature semblait d’humeur joyeuse. Des oiseaux chantaient sur la plus haute branche du noisetier sous lequel Jean-Maurice avait fait installer une table de jardin, comme pour se protéger du désordre de la vie.
Il but un café qu’il avait préparé à la va-vite et, comme il l’avait mal dosé, le breuvage lui sembla si amer qu’il alluma une cigarette pour en atténuer le goût.
En parcourant les journaux du matin, il vit son portrait étalé à la une de tous les quotidiens qui annonçaient à l’unisson : "Antoncariès reste aux commandes de la S.I.G.A.L.". Certains précisaient même que, malgré les lourdes pertes du groupe, les stock-options du patron étaient revues à la hausse. On parlait d’éventuels licenciements, de restructurations. Bref, on supposait… L’optimisme du président n’apparaissait qu’en filigrane, car l’essentiel exhaltait le sentiment de malaise qui avait envahi les sociétés. On voulait bien envisager un miracle, mais ne pas y croire. Les autres nouvelles n’étaient guère plus engageantes. Le président se sentait être à l’image de son époque, étranglé par mille difficultés qui surgissaient non seulement de plus en plus nombreuses, mais surtout de plus en plus vite. Il y a trente ans, pensait-il, pour choisir le meilleur fournisseur, il fallait former une équipe, fixer la tâche de chacun, étudier tous les paramètres et les mettre en relations. Au bout de deux ou trois jours, on pouvait enfin choisir. Aujourd'hui en trois minutes, le bon ordinateur affiche toutes les données possibles et imaginables. Le résultat est livré séance tenante…
Pendant qu’il refermait les journaux, la petite musique de nuit de Mozart retentit sur le portable. C’était Masseroth qui bafouillait des excuses.
– Passez chez moi… fit le président en faisant une moue dubitative. Lui, qui n’acceptait pas la contradiction bien qu’il se réclama du dialogue ouvert ; avait une opinion très réservée sur l’attitude aussi versatile d'un collaborateur.
Mais les moyens manquaient; le temps pressait. Le monde tournerait bien sans la S.I.G.A.L., et pourtant, quelqu’un qui prend le train en marche peut-il être un bon voyageur ? se demanda-t-il en posant le paquet de journaux encore humide sur les dalles du jardin.
Avant l’arrivée de Masseroth, le président passa un costume léger et trouva une joyeuse cravate aux tons verts.
– Vous avez réfléchi ? demanda le patron en versant le café dans la tasse réservée à son hôte.
Le vouvoiement n’était pas de bonne augure.
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